38ème Congrès de la SARAF: des spécialistes de l’anesthésie-réanimation d’Afrique francophone sur les difficultés de la pratique.
Officiellement lancé ce mercredi 23 novembre 2023 au Palais du Peuple, la république de Guinée va abriter pendant trois jours, le 38ème congrès de la Société d’anesthésie-réanimation d’Afrique francophone (SARAF). L’événement mobilise une vingtaine d’anesthésistes-réanimateurs d’Afrique francophone et 4 pays d’Europe mais aussi, la participation des experts du domaine et les autorités guinéennes.
sous l’égide de la Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’innovation, Dre Diaka Sidibé, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Pour cette année 2023, l’événement est placé sous le thème « Anesthésie-réanimation au cœur du développement du système de santé en Afrique ». Les trois jours de travaux seront consacrés à des conférences, des tables-rondes, des symposium et ateliers, animés par des experts de cette spécialité.
Pour Pr Joseph Dounamou, président du comité d’organisation du 38ème congrès de la SARAF, ces journées de réflexion seront mises à profit pour faire l’état des lieux de l’anesthésie réanimation dans notre pays afin d’améliorer la situation de l’anesthésie et de la réanimation.
« L’objectif principal, c’est de réunir les différents experts de tous les pays africains francophones pour un congrès autour des grandes actualités de l’anesthésie et de la réanimation en Afrique et puis dans le monde, de parler de nos difficultés, de nos succès, et surtout de prendre des décisions pour l’avenir de la spécialité. Plusieurs communications sont prévues pour faire l’état des lieux de la spécialité dans notre pays et proposer des solutions pour améliorer la situation de l’anesthésie et réanimation en Guinée. On sait qu’en Guinée, il n’y a pas beaucoup de matériels d’anesthésie-réanimation et au cours de ces sessions-là, on en a discuté pour pouvoir avoir du matériel parce que c’est une spécialité qui utilise beaucoup d’appareils. Il faut des appareils au bloc opératoire, aux soins intensifs et aux urgences. Et c’est très important de pouvoir trouver des stratégies pour avoir ces appareils afin de sauver les patients. À la fin de ces journées, la première des choses, ce sont les conclusions qui vont dans le sens de l’amélioration de la pratique dans notre pays. Ce qui est aussi important dans ce cadre ; le congrès, c’est de pouvoir susciter des vocations auprès des jeunes pour qu’ils puissent aller se former dans ce domaine parce que c’est un domaine important. Sans anesthésie, pas de chirurgie, parce que c’est l’anesthésiste qui rattrape tout ce que le chirurgien peut faire comme erreur », a fait savoir le Pr Dounamou, chef service d’anesthésie-réanimation du CHU Donka.
En Afrique, le déficit de ressources humaines dans le domaine de l’anesthésie-réanimation se pose avec acuité malgré les efforts consentis. Pour le Pr Youssouf Coulibaly, président de la Société d’anesthésie-réanimation d’Afrique francophone (SARAF), sans une ressource humaine nombreuse et de qualité, la discipline de l’anesthésie-réanimation reste une activité contraignante.
« Les grands défis de cette discipline, c’est les ressources humaines. Sans une ressource humaine de qualité et en nombre suffisant, l’anesthésie est une activité contraignante. Le même jour, je peux avoir à faire avec six chirurgiens dans la journée, chacun a son programme opératoire, ils entrent, ils sortent, mais moi je suis là. Quand vous faites le ratio aujourd’hui, entre anesthésiste et chirurgien, le ratio est en défaveur des anesthésistes. Dans mon hôpital, nous sommes 4 médecins anesthésistes pour 38 chirurgiens. Vous voyez le déséquilibre, il est criard. Pour inverser cette tendance, nous avons créé des DESS (diplômes d’études supérieures spécialisées) dans les différents pays avec l’accompagnement des autorités de chaque pays. La SARAF est un créneau pour la promotion des enseignants en anesthésie-réanimation. Donc, ce qui va améliorer la qualité de la formation. C’est ça le rôle de la SARAF, le développement de cette spécialité à travers la formation des formateurs. Pour ce 38ème congrès, on a mis l’accent sur le pré congrès qui était concentré sur les ateliers de l’acquisition des compétences immédiatement mobilisables au profit des participants », a déclaré Pr Youssouf Coulibaly, président de la Société d’anesthésie-réanimation d’Afrique francophone (SARAF).
Placé sous égide, Dre Diaka Sidibé, Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’innovation, a dit que ce congrès arrive à un moment où des réformes sont engagées dans le domaine de la recherche. Elle nourrit l’espoir de voir, à l’issue du congrès, des pistes de solution proposées pour sortir des difficultés.
« Vous n’êtes pas sans savoir que le domaine de la médecine est un domaine partagé avec l’enseignement et la recherche scientifique dans notre pays, mais aussi à travers le monde. Ce 38ème congrès concerne également les hospitalo-universitaires, raison de ma présence pour présider cette cérémonie d’ouverture officielle, au nom du gouvernement de la République de Guinée et au nom du chef de l’État, le Colonel Mamadi Doumbouya, qui m’a instruit d’accompagner cette initiative… Donc, c’est un congrès qui vient à point nommé à un moment où nous sommes dans des réformes très structurelles dans le domaine de la recherche mais aussi dans le domaine de la santé au profit des étudiants, des chercheurs guinéens et africains. Nous pensons que c’est un excellent moyen de travail collaboratif, d’échanges sur les techniques et les technologies à travers l’Afrique et à travers le monde. Nous espérons vraiment que ce congrès sera aussi l’occasion de discuter des pistes de solution dans le cadre du développement de la santé dans nos États », a laissé entendre la ministre de l’Enseignement supérieur.
À la faveur de l’ouverture de ce congrès, la ministre Dre Diaka Sidibé a offert 5 bourses aux femmes médecins évoluant dans l’anesthésie-réanimation afin d’accroître le nombre d’anesthésistes réanimateurs dans le pays.
Mariam KANTE