Santé communautaire : les Administrateurs territoriaux et les élus locaux pour soutenir les vaccinations de routine dans la région de Kankan.

Le Gouvernement de la République de Guinée et la Fondation Bill & Melinda Gates ont signé, en avril 2021, un Protocole d’Accord pour le renforcement de la vaccination de routine dans la région de Kankan où les taux de couverture vaccinale demeurent faibles, entrainant des flambées récurrentes de maladies évitables par la vaccination (poliomyélite, rougeole, entre autres). Comment inverser cette tendance ?

Depuis le mois d’avril 2022, plusieurs activités sont en cours d’exécution en vue d’améliorer la prestation des services de vaccination et d’augmenter la couverture vaccinale. Sous le leadership de l’Inspection Régionale de la Santé de la région de Kankan, des instances de suivi et de coordination de l’exécution du programme ont été mises en place en collaboration avec l’UAGCP, la Coordination Nationale du PEV et le Ministère de la Décentralisation.

Une mission conjointe du MATD, de la Coordination Nationale du Programme Elargi de  Vaccination (PEV), de la Direction Nationale de la Santé Communautaire, et de l’Inspection Régionale de la Santé de Kankan  a effectué récemment une mission dans la région de Kankan pour évaluer d’une part, le niveau d’engagement et de participation effective de toutes les parties prenantes aux activités du programme de renforcement de la vaccination de routine et identifier les gaps et les lacunes ainsi que les défis à relever et d’autre part, engager  les Administrateurs territoriaux et les élus locaux de la région administrative de Kankan à soutenir les activités de vaccination de routine.

« il s’agit de réaliser des réunions avec le Gouverneur, les Préfets, les maires et les DMR de chaque préfecture (Kankan, Kérouané, Kouroussa, Siguiri et Mandiana) en vue de les informer sur les objectifs du programme de renforcement de la vaccination de routine dans la région; Vulgariser l’arrêté conjoint A/2020/3053/MATD/MS/SGG du 24 Novembre 2020 des Ministres en charge de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation et de la Santé fixant les détails des compétences transférées aux collectivités locales dans le domaine de la santé ; Informer et Sensibiliser les maires à s’impliquer et s’approprier davantage du fonctionnement des centres et postes de santé et la restructuration des comités de santé et d’hygiène (COSAH) et Renforcer les capacités des maires afin qu’ils identifient des approches visant l’implication des chefs de quartiers, des présidents de districts, des chefs de secteurs,  des agents communautaires (ASC/RECO), des  leaders communautaires et les confessions religieuses  dans la réalisation des activités de vaccination de routine en vue de développer un système de collaboration entre les communes et les agents de santé », a expliqué Mory CONDE, ministre de l’administration  du territoire et de la décentralisation, la veille du départ de la mission.

Au terme des différents échanges, la majorité des administrateurs territoriaux et élus locaux, ont  relevé le dysfonctionnement d’un grand nombre de COSAH. Mieux, ils ont fait savoir à la mission ne jamais être mis au courant de l’existence d’un document fixant les détails des compétences transférées aux collectivités locales dans le domaine de la santé. 

« La grande majorité des Maires ignorait l’existence dudit arrêté conjoint. Plusieurs parmi eux ont mentionné le fait qu’ils croyaient que les centres et les postes de santé appartenaient au Ministère de la santé et dont la gestion devait se faire par les chefs de centre qui sont des prestataires de services. Pour cette raison, ils n’ont pas pris l’initiative de demander des comptes aux chefs de centre. En outre, plusieurs cas de différends entre les maires et les chefs des centres et postes de santé ont été signalés. Dans la plupart des cas, les chefs des centres de santé ne prenaient pas en compte le point de vue des Maires », a déclaré Mariam Camara, membre de la mission.

Concernant les faibles résultats de la vaccination dans la région, plusieurs raisons ont été présentées comme causes des obstacles majeurs à l’atteinte des résultats souhaités. Il s’agit notamment du manque d’information et de sensibilisation des populations sur l’importance de la  vaccination de routine,  le non-respect de la gratuité des prestations de services de vaccination de routine dans un grand nombre de centres et postes de santé, la rupture fréquente des stocks de vaccins et les pannes de réfrigérateurs dans plusieurs centres et postes de santé, le mauvais accueil dans bon nombre de centres et postes de santé, ce qui ne facilite pas la fréquentation dans plusieurs structures sanitaires et  une méconnaissance de la population à vacciner.

« la prolifération des fausses rumeurs sur la vaccination de routine, la prolifération de cliniques privées illégales en milieux urbain et rural qui attirent bon nombre de femmes et d’enfants qui échappent ainsi à la vaccination de routine, la forte mobilité de la population dans les zones minières et  l’éloignement des populations des structures sanitaires, ce qui rend difficile l’accès des populations aux services de vaccination sans oublier l’insuffisance des ressources humaines », nous a raconté Kaba condé, maire de la commune rurale de Baro.

C’est pourquoi, pour  endiguer les problèmes qui affectent les prestations de services de qualité en faveur des populations, notamment les obstacles à la vaccination des enfants et des femmes dans la région,  plusieurs  recommandations ont été formulées en vue d’apporter des solutions permettant d’améliorer la couverture vaccinale de la région dans un bref délai.

Monsieur le Gouverneur, les Préfets et les maires ont pris l’engagement d’entamer, dans les jours à venir, des initiatives pour assurer l’appropriation des centres et postes de santé, notamment la restructuration des COSAH dont le fonctionnement n’est pas satisfaisant. Ils ont également exprimé leur volonté d’impliquer les présidents de districts, les Chefs de quartiers et de secteurs en vue de sensibiliser et de mobiliser les populations conformément au contenu de lettre circulaire N° 663/MATD/CAB/DGAASSB/2022 du 23 août 2022 portant application correcte l’arrêté conjoint susmentionné.

Face à la complexité des défis sanitaires auxquels la région fait face, l’idée d’une révision de la carte sanitaire régionale a été accueillie favorablement. Cette initiative vise à élaborer des approches innovantes pour répondre aux besoins en santé des populations et devrait aboutir à des propositions visant à l’amélioration de la prestation de services de santé de qualité dans la région administrative de Kankan.

Billy Nankouman CONDÉ