Variole du singe : la flambée du virus en Europe inquiète le Directeur Général de l’OMS.

Au mois de mai dernier, des cas de variole du singe ont été détectés dans  plusieurs pays de l’Europe et de l’Amérique du nord cette semaine. Jusque-là, cette maladie virale était encore méconnue des pays occidentaux. Aux premières heures de son apparition, les organisations sanitaires notamment l’Organisation Mondiale de la Santé estimaient que le risque de propagation de la maladie était largement réduit. C’était tout faux. La maladie a pris tout le monde de court et continue de plus belle sa flambée.

D’après le Comité d’urgence qui  a évalué les indicateurs épidémiologiques, la situation s’est aggravée ces dernières semaines avec désormais plus de 15 300 cas recensés dans 71 pays, selon les derniers chiffres des autorités sanitaires des États-Unis (CDC).

Une situation inquiétante pour  Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS qui a d’ailleurs  exprimé ses vives préoccupations  ce jeudi 21 juillet 2022 lors de l’ouverture de la réunion du Comité d’urgence. Il a cette occasion demandé conseil aux experts avant de trancher sur l’accession au plus haut niveau d’alerte de l’organisation.

« J’ai besoin de vos conseils pour évaluer les implications de santé publique immédiates et à long terme de l’évolution de cet évènement », a déclaré le patron de l’OMS, qui reste inquiet de la diffusion de la maladie. C’est à lui qu’incombe la responsabilité d’éventuellement déclarer l’urgence de santé publique de portée internationale, le plus haut degré d’alerte de l’agence de santé, sur la base des recommandations du Comité.

Le Dr Tedros a appelé les experts à lui  fournir les informations et les conseils pour informer sa décision, ayant  parfaitement conscience que celle-ci  implique de considérer beaucoup de facteurs, avec comme objectif ultime de protéger la santé publique. La réunion du comité d’urgence a duré moins de six heures. Mais les éventuelles conclusions des experts n’ont pas été rendus publiques.

Lors d’une première réunion le 23 juin dernier, la majorité des experts avaient recommandé au Dr Tedros de ne pas prononcer l’urgence de santé publique de portée internationale. Détectée début mai, la recrudescence inhabituelle de cas de variole du singe en dehors des pays d’Afrique centrale et de l’Ouest où le virus est endémique, s’est depuis étendue dans le monde entier, avec comme épicentre l’Europe.

Décelée pour la première fois chez l’humain en 1970, la variole du singe est moins dangereuse et contagieuse que sa cousine la variole, éradiquée en 1980. Dans la plupart des cas, les malades sont des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, relativement jeunes, et vivant essentiellement en ville, selon l’OMS.

« Ce mode de transmission représente à la fois une opportunité pour mettre en place des interventions de santé publique ciblées, et un défi, car dans certains pays, les communautés affectées sont face à des discriminations qui menacent leur vie », a relevé le Dr. Tedros. « Il y a une réelle inquiétude que les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes puissent être stigmatisés ou blâmés pour la flambée de cas, la rendant beaucoup plus difficile à tracer et à stopper », a-t-il averti.

Selon les derniers chiffres de l’OMS publiés jeudi, au 20 juillet, l’Europe demeure la région la plus touchée avec près des trois quarts des cas, suivie par les Amériques (22.9%). L’Espagne est le pays le plus touché au monde, avec 3 125 cas, devant le Royaume-Uni (2 137), l’Allemagne (2 110), les États-Unis (1 965), la France (912), les Pays-Bas (656), le Canada (604), le Portugal (515), le Brésil (384) et l’Italie (374).

Dans 77,2% des cas, les malades sont des hommes âgés de 18 à 44 ans, et 98,1% des personnes ayant renseigné leur orientation sexuelle sont des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes.

Il faut rappeler que la variole du singe est une maladie virale qui se transmet naturellement des animaux à l’être humain et inversement soit en entrant en contact avec ses sécrétions respiratoires, soit en touchant des lésions infectées, ainsi que des liquides biologiques. De la même famille que la variole humaine, elle peut causer des symptômes semblables : fièvre, mal de tête, douleurs musculaires, mal de dos, ganglions lymphatiques enflés, frissons et fatigue. Des éruptions cutanées peuvent également survenir, souvent sur le visage, et se répandre à d’autres parties du corps, notamment les parties génitales.

Billy Nankouman CONDÉ