Un forum mondial pour bâtir un « marché africain du vaccin ».
Le Forum pour la souveraineté et l’innovation vaccinale s’est tenu ce jeudi 20 juin 2024 à Paris. Accélérer la production de vaccins en Afrique, continent touché actuellement par une épidémie de choléra était au centre de la rencontre coorganisée par la France, l’Union africaine et le Gavi, l’Alliance mondiale du vaccin.
Alors que le continent africain représente 20 % de la population mondiale, moins de 0,2 % de l’offre internationale de vaccins y est produite. Cette inégale répartition s’est traduite pendant la pandémie de Covid par une iniquité d’accès aux vaccins affectant particulièrement les pays d’Afrique. C’est pourquoi, chefs d’État, représentants de l’Alliance du vaccin (Gavi) et ceux de l’Union africaine (UA) mobilisés pour la cause, ont affiché leur volonté de faire front commun pour mieux financer la santé en Afrique. Même si des projets sont lancés depuis la pandémie mondiale, notamment au Rwanda, où la firme allemande BioNtech s’est implantée à Kigali pour produire des vaccins contre la covid-19, la tuberculose et le paludisme, le président du Sénégal Bassirou Diomaye Faye lui, a rappelé la fragilité du continent face aux crises sanitaires.
« La pandémie de Covid-19 a mis en évidence les disparités structurelles entre les pays développés et les pays en développement dans le domaine de la vaccination. Bien que l’Afrique représente environ 20% de la population mondiale, son industrie de vaccins fournit à peine 0,25% de l’offre mondiale. Le continent est encore largement tributaire d’autres régions du monde pour couvrir ses besoins », a lancé Bassirou Diomaye Faye, président de la république du Sénégal.
L’Afrique importe toujours 99% de ses vaccins à des prix prohibitifs alors que les pays riches s’approprient la majeure partie de la production mondiale. L’annonce de la mobilisation d’un montant de plus d’un milliard de dollars pour renforcer la production locale africaine afin de mettre sur pied un ambitieux « accélérateur de la production des vaccins en Afrique », suscite beaucoup d’espoirs chez les partenaires techniques.
« Nous parlons d’équité. Nous ne parlons pas que d’argent. Nous parlons aussi de personnes, de ces gens qui ont été laissés derrière quand la pandémie a frappé. Et aujourd’hui, avec l’accélérateur de production vaccinal, nous leur donnons l’occasion de rêver, de voir un jour l’Afrique produire ses propres vaccins. », a dit Jean Kaseya, le directeur général d’Africa CDC.
L’Alliance vaccinale Gavi, qui fournit des vaccins à bas prix aux pays les plus pauvres, lui, a lancé son plan de refinancement pour les cinq années à venir.
« Nous avons demandé neuf milliards de financements additionnels pour nos opérations. Et nos efforts pour mobiliser des ressources pour l’accélérateur de production vaccinal ont été fructueux avec des promesses de financements qui s’élèvent au minimum à 1,2 milliard de dollars », souligne Sania Nishtar, la directrice de Gavi.
L’une des priorités pour le Forum pour la souveraineté et l’innovation vaccinale sera de doter l’Afrique d’usines de fabrication de vaccins contre le choléra. Sur le continent, les cas sont en recrudescence. Les inondations répétées, les sécheresses, les déplacements ont privé les populations d’eau potable en Afrique. Les cas de choléra se sont multipliés au point que l’Alliance Gavi s’est retrouvée à cours de vaccin en début d’année. Pour Jean Kaseya, le directeur du Centre de contrôle et de prévention des maladies de l’Union africaine, l’Afrique doit pouvoir fabriquer ce vaccin sur son sol. « Nous avons déjà 5 000 morts du choléra, nous devons avoir un vaccin », a-t-il déclaré.
Emmanuel Macron, l’hôte du forum a quant à lui, choisi de citer le choléra comme cible prioritaire du nouvel accélérateur africain de fabrication de vaccins.
« Le choléra frappe durement la moitié de l’Afrique. Depuis quelques semaines, le territoire de Mayotte est aussi touché. Alors si vous partagez cette ambition de renvoyer le choléra au passé en soutenant ces actions d’urgence d’investissement dans la production locale et dans la prévention de long terme, je vous invite à rejoindre cette initiative contre le choléra aux côtés de douze pays et organisations présents ce matin dans cette pièce », a dit le président français.
Pour matérialiser son soutien, Emmanuel Macron a annoncé que la France consacrera dix millions d’euros pour accélérer la production par Biovac de ce vaccin contre le choléra, en Afrique du Sud.
La Rédaction