À l’horizon 2030, sur 100.000 naissances vivantes, environs 390 femmes mourront pendant l’accouchement.

Une mauvaise nouvelle pour les acteurs de la santé de la mère et de l’enfant. Dans un  nouveau rapport publié ce jeudi 1er décembre 2022, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) évoque un recul  des progrès réalisés au cours des dix dernières années dans la lutte contre la mortalité maternelle et infantile sur le continent.

Après l’évaluation des neuf (9) cibles relatifs à l’objectif de développement durable (ODD) de santé par  l’atlas des statistiques sanitaires africaines 2022, l’organisation mondiale de la santé relève qu’au rythme actuel des progrès, la réduction de la mortalité maternelle figure parmi les plus difficiles à atteindre.

Dans son rapport,  l’organisation mondiale de la santé révèle qu’en  Afrique subsaharienne, environ 390 femmes perdront la vie pendant l’accouchement pour 100 000 naissances vivantes d’ici à 2030. Une  estimation  cinq fois supérieure à la cible des ODD fixée pour 2030, qui est de faire passer le taux mondial de mortalité maternelle au-dessous de 70 décès pour 100 000 naissances vivantes. Ce qui positionne le continent très loin de la moyenne de 13 décès pour 100 000 naissances vivantes observée en Europe en 2017.

L’institution onusienne en charge de la santé mondiale fait savoir tout de même que pour atteindre la cible des objectifs de développement durable, l’Afrique devra réduire de 86 % ses taux par rapport à la situation qui prévalait en 2017, date de la dernière notification des données, ce qui constitue selon elle, un exploit irréaliste en considérant le recul observé actuellement.

Quant à la mortalité infantile, l’OMS révèle que le taux de mortalité infantile dans la Région se situe à 72 décès pour 1000 naissances vivantes. Au taux annuel de baisse de 3,1 %, l’institution s’attend à un scénario de 54 décès pour 1000 naissances vivantes à l’horizon 2030, ce qui est bien supérieur à la cible de réduction qui est fixée en-dessous de 25 décès pour 1000 naissances vivantes

« L’Afrique a enregistré certains des taux de réduction les plus rapides au monde pour les principaux objectifs de santé, mais la dynamique semble s’affaiblir. Pour de nombreuses femmes africaines, cela signifie que l’accouchement reste un risque persistant et des millions d’enfants ne vivent pas assez longtemps pour célébrer leur cinquième anniversaire. Il est essentiel que les gouvernements procèdent à un changement radical de cap, qu’ils relèvent les défis et accélèrent le rythme pour atteindre les objectifs relatifs à la santé. Ces objectifs ne sont pas de simples étapes, mais les fondements mêmes d’une vie plus saine et du bien-être pour des millions de personnes », a déclaré la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.

Bien que la Région connaisse un ralentissement dans la réalisation des principaux objectifs relatifs à la santé tels que la couverture vaccinale, elle a fait des progrès remarquables dans certains domaines au cours de la première décennie du 21ème siècle. La mortalité des enfants de moins de cinq ans a chuté de 35 %, le taux de mortalité néonatale a baissé de 21 % et la mortalité maternelle a diminué de 28 %.

Au cours de la dernière décennie, les progrès enregistrés sur toutes les trois cibles ont stagné, en particulier en ce qui concerne la mortalité maternelle. Dans les faits, l’Afrique a obtenu des avancées dans le domaine de la planification familiale, car 56,3 % des femmes en âge de procréer (âgées de 15 à 49 ans) ont satisfait leurs besoins en matière de planification familiale avec des méthodes contraceptives modernes en 2020. Toutefois, la Région reste loin de la moyenne mondiale qui se situe à 77 % et reste la moins performante en termes de planification familiale.

Selon l’organisation mondiale de la santé, ce ralentissement a été exacerbé par les effets perturbateurs de la pandémie de COVID-19. Les services de santé essentiels tels que les soins postnatals pour les femmes et les nouveau-nés, les unités de soins néonatals intensifs et les services de soins prénatals ont été perturbés pendant la pandémie, au même titre que les services de vaccination. Depuis 2021, l’Afrique est également confrontée à une recrudescence des épidémies de maladies évitables par la vaccination. Les cas de rougeole ont augmenté de 400 % entre janvier et mars 2022 par rapport à la même période en 2021.

« L’insuffisance des investissements dans la santé et du financement de ses programmes est l’un des principaux obstacles à la réalisation de l’ODD relatif à la santé. Par exemple, une enquête menée par l’OMS en 2022 dans 47 pays africains a révélé que la Région compte 1,55 travailleur de la santé (médecins, personnel infirmier et sage-femmes confondus) pour 1000 habitants, un ratio inférieur au seuil de densité de 4,45 travailleurs de la santé pour 1000 habitants nécessaire pour fournir les services de santé essentiels et atteindre la Couverture sanitaire universelle », a ajouté la Directrice régionale de l’OMS.

Dans la Région africaine, rappelle l’OMS, 65 % des naissances sont assistées par un personnel de santé qualifié – il s’agit là du taux le plus faible au monde et ce taux est d’ailleurs largement en-dessous de la cible fixée à 90 % pour 2030, selon l’Atlas des statistiques sanitaires africaines 2022. Les accoucheuses qualifiées sont indispensables au bien-être des femmes et des nouveau-nés. Les décès néonatals représentent près de la moitié de la mortalité des enfants de moins de cinq ans. L’accélération des efforts en vue d’atteindre l’objectif de la réduction constituera une avancée majeure vers la réduction du taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans de façon à le porter en dessous de 25 décès pour 1000 naissances vivantes.

Billy Nankouman CONDÉ