Santé infantile: l’OMS recommande la méthode « mère kangourou » pour améliorer la survie des nouveaux nés prématurés.

La prématurité est un problème de santé publique urgent. Chaque année, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 15 millions d’enfants dans le monde naissent prématurément, soit plus d’une naissance sur dix, et plus de 20 millions d’enfants présentent un faible poids de naissance. Ce nombre est en augmentation et la prématurité est désormais la principale cause de décès chez les enfants de moins de 5 ans.  L’organisation ajoute que selon l’endroit où nait un nourrisson prématuré, ses chances de survie présentent des disparités importantes. Si, dans les pays à revenu élevé, la plupart des enfants nés à 28 semaines ou plus survivent, le taux de survie peut ne pas dépasser 10 % dans les pays plus pauvres.

Pour  améliorer la survie et la santé des enfants nés prématurément (avant 37 semaines de grossesse) ou de faible poids de naissance (moins de 2,5 kg), l’OMS a publié ce mardi 15 novembre 2022, de nouvelles lignes directrices. Il s’agit du  contact peau à peau avec la personne qui s’occupe du nourrisson immédiatement après la naissance, sans passage préalable en couveuse. D’où la méthode « mère kangourou ». C’est un changement majeur par rapport aux lignes directrices précédentes et à la pratique clinique courante, qui met en avant les avantages considérables en termes de santé d’un contact étroit dès la naissance entre un nouveau-né prématuré et la personne qui s’en occupe, de sorte qu’ils ne soient pas séparés.

« Les enfants prématurés peuvent survivre, s’épanouir et changer le monde, à condition que chaque nouveau-né puisse avoir cette chance. Ces lignes directrices montrent que l’amélioration des perspectives pour ces minuscules nourrissons ne consiste pas toujours à fournir les solutions les plus sophistiquées, mais plutôt à garantir l’accès à des soins de santé essentiels centrés sur les besoins des familles », a déclaré le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS.

La plupart des prématurés peuvent être sauvés grâce à des mesures réalisables et d’un bon rapport coût-efficacité, notamment des soins de qualité avant, pendant et après l’accouchement, la prévention et la prise en charge des infections courantes, et la méthode « mère kangourou », qui associe le contact peau à peau dans un porte-bébé ou une écharpe spéciale pendant le plus de temps possible avec la personne qui s’occupe principalement du nourrisson, en général la mère, et l’allaitement maternel exclusif.

Comme les prématurés manquent de graisse corporelle, ils ont souvent du mal à réguler leur propre température à la naissance et ont souvent besoin d’une assistance médicale pour respirer. Auparavant, on recommandait de séparer pendant un certain temps le nouveau-né de la personne qui s’en occupe principalement, afin de le stabiliser dans un incubateur ou une couveuse. Il fallait compter en moyenne 3 à 7 jours. Cependant, les recherches montrent désormais que la mise en œuvre de la méthode « mère kangourou » immédiatement après la naissance permet de sauver beaucoup plus de vies, de réduire les infections et l’hypothermie, et d’améliorer l’allaitement.

« La première étreinte avec un parent n’est pas seulement importante sur le plan psychologique, elle est aussi absolument essentielle pour améliorer les chances de survie et la santé des nouveau-nés de faible poids de naissance et des prématurés. La pandémie de COVID-19 nous a enseigné que beaucoup de femmes ont été séparées à tort de leur enfant, ce qui peut avoir des conséquences potentiellement catastrophiques pour la santé des nourrissons nés prématurément ou de faible poids de naissance. Ces nouvelles lignes directrices insistent sur la nécessité de prendre en charge les familles et les prématurés ensemble, comme une unité, et de veiller à ce que les parents bénéficient du meilleur soutien possible dans une période qui est bien souvent particulièrement stressante et angoissante », affirme la Dre. Karen Edmond, médecin en charge de la santé des nouveau-nés à l’OMS.

Si ces nouvelles recommandations sont surtout pertinentes pour les personnes les plus pauvres, qui n’ont pas forcément accès à des équipements de haute technologie ni même à une alimentation électrique fiable, elles le sont également pour les populations à revenu élevé. Selon les lignes directrices, il faut donc repenser la manière dont sont dispensés les soins intensifs néonatals, afin que les parents et les nouveau-nés ne soient jamais séparés.

Également, les lignes directrices recommandent vivement l’allaitement maternel afin d’améliorer la santé d’un nouveau-né prématuré ou de faible poids de naissance, car il est prouvé qu’il réduit les risques d’infection par comparaison avec les préparations pour nourrissons. Lorsque le nouveau-né ne peut pas être allaité par sa mère, la meilleure alternative est le lait maternel provenant d’une donneuse, même si des « préparations pour prématurés » enrichies peuvent être utilisées en l’absence de lactarium, note le communiqué.

Mariam KANTE