L’hépatite : La Guinée dans le rouge avec la fréquence d’endémicité la plus élevée de l’Afrique.

La république de Guinée à l’instar des autres pays du monde célèbre ce jeudi 28 juillet 2022, la Journée mondiale contre l’hépatite. Cette date, est une  occasion de mieux faire connaître l’hépatite virale, une inflammation du foie due à un virus (virus de l’hépatite A, B, C, D et E) pouvant être à l’origine de différentes pathologies, dont le cancer  et la cirrhose du foie. L’organisation mondiale de la santé (OMS) estime que plus de 325 millions personnes vivent dans le monde avec une infection chronique par le virus de l’hépatite B et/ou C et pour la plupart, le dépistage et le traitement restent hors de portée.

Malgré les ravages provoqués par ces maladies, les différentes hépatites sont encore trop méconnues, ne sont pas suffisamment diagnostiquées et donc insuffisamment traitées.

Les hépatites virales sont une cause majeure de morbidité et de mortalité, et elles sont classées comme la septième cause de décès dans le monde. L’infection par le virus de l’hépatite B cause 70% de la mortalité aux hépatites. L’hépatite virale B est une maladie transmissible notamment par le sang et ses dérivés, par voie sexuelle, la transmission verticale (de la mère à l’enfant). La transmission verticale a été identifiée comme une des causes de la prévalence élevée de l’infection par le virus de l’hépatite B en Afrique subsaharienne.

Le niveau d’endémicité de cette affection définie sur la base de la prévalence de l’antigène HBs (AgHBs) par l’OMS varie selon les pays. Les zones de faible endémie sont caractérisées par une prévalence de l’AgHBs de moins de 2 % dans la population générale. Dans les zones d’endémie intermédiaire, cette prévalence varie de 2 à 7 %. Les zones de forte endémie ont une prévalence supérieure ou égale à 8 %. Ce niveau d’endémicité est largement dépassé en Guinée.

Même si la Guinée ne dispose pas encore de statistiques fiables sur le nombre d’hépatites à l’échelle nationale,  l’ONG SOS Hépatites Guinée elle, suit  5.859 personnes (hépatites) porteuses du virus de l’hépatite à travers tout le pays  depuis 2012. Le Président  de l’ONG, dont le but  est de contribuer à la mise en œuvre d’une stratégie de dissémination de l’information en vue d’une éradication totale de toutes les formes d’hépatites, et de réduire la cirrhose et le cancer du foie en Guinée, révèle que la Guinée se situe dans le groupe des zones d’endémicité élevée de l’hépatite selon les critères de l’OMS.

« SOS Hépatites Guinée, est une ONG accréditée depuis 2012. Nos 10 ans d’expériences montrent des résultats alarmants avec une fréquence  du VHB à 19 % sur un échantillon de 2000 personnes. C’est le chiffre le plus élevé de l’Afrique. Parmi les 5859 patients suivis, 97% (5655) sont touchés par l’hépatite B (VHB) et 3% (204) par l’hépatite C. 514 femmes enceintes (8,81%) ont le VHB. 10% (246 cas) sont au stade hépatique avancé (cancer) », révèle Dr Aboubacar N’djouryah Diallo, Pr en hépato gastroentérologie, Président de SOS Hépatites Guinée.

Selon les statistiques de l’ONG, cette pathologie affecte tous les âges, tous les sexes et toutes les couches socioprofessionnelles principalement les jeunes et les sexes masculins.

« Les patients de 02 à  17 ans représentent 5,47%, de 18 à 25 ans 19,78%,  de 26 à 35 ans 35,22%, de 36 à 45 ans 18,80%, de 46 à 55 ans 10,22%, de 56 à 65 ans 7,94% et de 66 à 86 ans 2,55%. Par sexe, les hommes sont les plus touchés avec un taux de prévalence de 60%, (3499 cas) et les femmes avec 40% (2330 cas). Les catégories socioprofessionnelles touchées par la maladie sont  les marchands (1.182 cas), les ménagères (928 cas), les étudiants (529 cas), les élèves (445 cas), les ouvriers (420 cas), les ingénieurs (310 cas), les économistes/financiers (287 cas), les enseignants (240 cas), les chauffeurs (233 cas), les tailleurs/couturières (198 cas), les diplômés sans emploi (137 cas), les religieux (90 cas), les hommes en uniforme (89 cas), les laborantins/biologistes (88 cas), les infirmiers/ATS (83 cas), les juristes (82), les cultivateurs (80 cas), les agents commerciaux (72 cas), les gestionnaires (71 cas), les douaniers/transitaires (68 cas), les médecins/pharmaciens (67 cas), les administrateurs civils (65 cas), journalistes (38 cas) et les sages-femmes (27 cas) », a dit le chercheur.

A en croire Pr N’djouryah, la fréquence annuelle du VHB et VHC est en augmentation depuis 2012. Tous ces malades sont discriminés et vivent dans l’indifférence totale. Seuls, ils ne sauront faire face au traitement coûteux et long de cette pathologie. C’est pourquoi dans  un plaidoyer adressé au président de la république à la veille de la journée mondiale contre l’hépatite, Pr N’djouryah a appelé le colonel Mamadi Doumbouya à déclarer officiellement l’hépatite virale, un problème de santé publique majeure en Guinée pour que l’accès universel au traitement de l’hépatite soit une réalité en Guinée.

Billy Nankouman CONDÉ