Paludisme : Gavi ouvre les candidatures pour le soutien au déploiement du vaccin contre le paludisme.
La toute première vaccination de masse contre le paludisme a franchi une nouvelle étape. Gavi, l’Alliance du Vaccin, vient d’ouvrir une procédure permettant aux pays de demander un financement et un soutien pour le déploiement du nouveau vaccin. L’annonce a été faite ce mercredi 20 juillet 2022 par l’institution dans un communiqué.
Cette ouverture fait suite à la recommandation de l’OMS émise en octobre 2021, préconisant l’utilisation généralisée systématique du vaccin antipaludique RTS,S/AS01, et à la décision prise ultérieurement, en octobre 2021, par le Conseil d’administration de Gavi, d’accorder à cet effet un investissement initial de 155,7 millions de dollars US pour la période 2022-2025. La vaccination contre le paludisme bénéficie en outre d’un financement de 56 millions de dollars dans le cadre d’un accord de « dérisque » avec GSK, le producteur du vaccin, et MedAccess, partenaire de cet accord de financement innovant. Ce permettra d’améliorer l’accès au vaccin pour les enfants exposés à un risque élevé de maladie et de décès dus au paludisme, peut-on lire dans le communiqué.
Compte tenu des exigences techniques du déploiement du vaccin et de la nécessité de fournir un soutien adapté aux pays, ce premier guichet d’aide, qui fermera le 13 septembre, sera réservé aux trois pays qui ont pris part, sur plusieurs années, au programme pilote de vaccination antipaludique : le Kenya, le Ghana et le Malawi. Un deuxième guichet, qui va s’ouvrir à la fin de l’année et se fermer en janvier, sera accessible aux autres pays où la transmission du paludisme à Plasmodium falciparum est endémique. Ces pays peuvent déjà soumettre des manifestations d’intérêt au cours du premier guichet de financement, pour signaler leur intérêt et solliciter de l’aide pour la préparation de leur demande.
« La mise au point du vaccin contre le paludisme a été longue et difficile. Aujourd’hui, nous entamons un nouveau chapitre. Ce nouvel outil, qui vient s’ajouter aux interventions existantes, va nous permettre de sauver encore plus de vies dans les pays les plus durement touchés par cette maladie meurtrière », a reconnu le Dr Seth Berkley, Directeur exécutif de Gavi.
L’introduction du vaccin antipaludique RTS,S/AS01 s’appuie sur le succès des essais pilotes et constituera le tout premier programme de vaccination antipaludique à grande échelle. Parallèlement aux interventions de lutte contre le paludisme actuellement recommandées – et en complément des moyens de protection disponibles, il pourrait faire baisser la mortalité infantile en Afrique, continent le plus lourdement frappé par cette maladie. Plus de 260 000 enfants africains de moins de cinq ans en meurent chaque année, et les six pays éligibles au programme de Gavi représentent 50 % de la mortalité mondiale.
A l’annonce de la nouvelle, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) s’est réjouie de l’avancée opérée dans la lutte contre le paludisme.
« Un enfant meurt du paludisme toutes les minutes en Afrique. Nous devons tout faire pour arrêter cette hécatombe. Grâce à cette nouvelle possibilité de financement, ce vaccin, le seul au monde contre le paludisme, sera plus accessible aux enfants africains. Distribué à grande échelle, il permettra de prévenir des millions de cas de paludisme, de sauver des dizaines de milliers de vies et d’assurer un avenir meilleur pour le continent », a déclaré la Dre Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a aussi, annoncé la finalisation du cadre d’allocation des vaccins pour faciliter la répartition transparente et équitable des vaccins disponibles (en quantité limitée), et l’UNICEF elle, a signé un accord d’achat pour le vaccin RTS,S.
« C’est une excellente nouvelle. Le vaccin était la pièce manquante dans la boîte à outils que l’UNICEF a commencé à constituer il y a des décennies pour lutter contre le paludisme. Nous sommes impatients de travailler avec Gavi, l’OMS et les autres partenaires pour apporter ce vaccin aux enfants qui en ont besoin », a déclaré Etleva Kadilli, Directrice de la Division des approvisionnements au siège de l’UNICEF.
Depuis sa toute première introduction en 2019, les communautés africaines ont bien accepté le premier vaccin antipaludique après un temps relativement court. La demande reste élevée malgré le contexte marqué par la pandémie de COVID-19, ce qui s’illustre par le succès en matière de vaccination et une couverture allant de 73 % à plus de 90 % pour la première dose selon le pays. À ce jour, environ 1,3 million d’enfants ont bénéficié de ce vaccin dans les trois pays pilotes d’Afrique.
« La nouvelle opportunité de financement de Gavi nous rapproche un peu plus de la possibilité d’administrer à des millions d’enfants supplémentaires en Afrique le vaccin antipaludéen RTS,S qui sauve des vies. Pendant la pandémie, alors que les services de santé de routine étaient confrontés à d’innombrables défis, les parents et les soignants ont amené leurs enfants dans les cliniques et aux centres de santé afin qu’ils soient vaccinés contre le paludisme. Ils savent très bien que des vies sont perdues chaque jour à cause du paludisme et désirent protéger leurs enfants contre cette maladie mortelle », a déclaré la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.
Le paludisme reste une cause majeure de maladie et de décès chez les enfants en Afrique subsaharienne. En 2020, près d’un demi-million d’enfants Africains sont décédés du paludisme, soit un enfant chaque minute.
Billy Nankouman CONDÉ