Journée internationale de la sécurité des aliments : De l’abattoir à l’assiette.
La Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments est célébrée le 7 juin de chaque année pour sensibiliser l’opinion publique et faire naître l’envie d’agir pour prévenir, détecter et gérer les risques d’origine alimentaire. L’édition de cette année a été célébrée autour du thème : « Des aliments sûrs pour une meilleure santé ».
A cette occasion, www.guineesante.info, votre quotidien d’information spécialisé dans le domaine de la santé, traite dans son article intitulé « De l’abattoir à l’assiette », les conditions insalubres d’abattage des bovins dans trois abattoirs de Conakry.
Des abattoirs insalubres
A se rendre dans les abattoirs de Matoto, de Simbaya gare ou de Kakimbo, ce qui frappe le premier le visiteur, est l’odeur nauséabonde des lieux dédiés pour abattage des bovins. C’est l’effet pulvérisant de bouse de vache combiné au sang séché des bœufs, moutons ou chèvres égorgés et les déjections mal nettoyés la veille. Les murs et sols non conformes aux cahiers des charges, manquent de résistance, d’imperméabilité et de désinfection. La plupart de ces abattoirs ne sont raccordés ni aux réseaux d’eau potable et d’électricité, ni aux infrastructures d’assainissement. L’approvisionnement d’eau se fait parfois à partir de puits ou bassins non contrôlés, et des eaux stagnantes des bras de mer. Qu’en est-il du matériel? Crochets, rails et treuils pour la manutention des carcasses souffrent d’une importante oxydation. Rouillés en fait comme la filière.
Pis, en plus des mouches, des insectes et autres rongeurs qui prolifèrent dans ces abattoirs, des chiens et chats errants et les charognards y ont élu domicile. Sous l’œil vigilant des patrons, des jeunes bouchers passent et repassent dans les allées des abattoirs sans se nettoyer les pieds ou les bottes. Sans équipements de protection ou de dispositifs de désinfection, revendeurs et simples consommateurs ont accès aux zones d’abattage. Les viandes fraîchement découpées sont étalées à même le sol sur des bâches où elles baignent dans l’eau dédiée au nettoyage. Cette eau sale ruisselle dans le lit du bras de mer à Kakimbo et Matoto. A Simbaya gare, elle se jette dans le quartier au grand dam des populations riveraines.
Ce spectacle macabre inquiète et interpelle quant aux conditions d’hygiène dans les abattoirs qui ravitaillent en viande, la quasi-totalité des marchés de Conakry et périphérie. A l’image de ces trois abattoirs, l’essentiel des lieux d’abattage de bovins dans le pays ne réunit pas les conditions de base exigées en la matière. Les infractions aux lois sanitaires se comptent par centaines. Du marquage et la traçabilité des animaux abattus jusqu’au transport et la vente, les bouchers ne se soucient de rien. Le service de contrôle sanitaire lui, n’a pas les nerfs pour veiller à l’application stricte de la procédure en vigueur.
La distribution
Que dire du transport de la viande vers les lieux de distribution (boucheries) ? Un autre maillon de chaine qui n’obéit à aucune norme édictée par le cahier des charges. En absence de véhicules frigorifiques et de professionnels de la filière, la viande est embarquée dans des tacots, au contact de la ferraille rouillée. Ces derniers temps, les usagers de la route dans la capitale ont dû croiser un transporteur de la viande par moto, mise dans des sacs, de l’abattoir vers les boucheries.
En attendant la modernisation des abattoirs, les méthodes employées pour l’abattage des bovins menacent aussi bien la santé humaine qu’environnementale.
Selon un médecin, la consommation de la viande malpropre est nuisible à la santé. Le consommateur risque de contracter des maladies infectieuses comme la fièvre typhoïde, le choléra etc.
« Il y a beaucoup de risques d’infections liés à la consommation de ces viandes malpropres. Nous sommes dans une zone tropicale, il y a des maladies infectieuses que nous appelons la maladie des mains sales telles que la fièvre typhoïde, le choléra et même Ebola. Elles peuvent se transmettre dans les situations comme ça. Je viens de citer une pathologie très répandue chez nous qui est la fièvre typhoïde. Elle peut être contractée à travers une personne malade et sa transmission étant connue, c’est-à-dire la personne porteuse du germe de fièvre thyroïde, une fois après les selles si elle n’arrive pas à désinfecter ses mains et touche la viande, elle la contamine de ses salmonelles. Une autre personne qui viendra consommer cette viande va contracter la fièvre typhoïde. Heureusement nous ne sommes pas en période d’épidémie de choléra parce que le même mode de transmission est possible, et il y a beaucoup d’autres maladies », a expliqué Dr Mory Fodé Souaré.
La sécurité sanitaire des aliments relève de la responsabilité commune des autorités nationales, des producteurs et des consommateurs. En ce jour de célébration de la journée internationale de la sécurité alimentaire, chacun a un rôle à jouer, pour garantir que les aliments que nous consommons sont salubres et favorables à la santé.
Par le biais du www.guineesante.info, votre quotidien d’information spécialisé dans le domaine de la santé, à travers son article intitulé « De l’abattoir à l’assiette », les autorités doivent s’efforcer pour garantir l’intégration de la sécurité sanitaire des aliments dans l’action des pouvoirs publics et de réduire la charge des maladies d’origine alimentaire au niveau national.
Billy Nankouman CONDÉ