Contraception : une pilule masculine, non-hormonale, efficace à 99% ….
Mise au point par des chercheurs américains, cette pilule cible l’acide rétinoïque, essentiel à la production de spermatozoïdes. Des essais pourraient être conduits sur les hommes d’ici la fin de l’année.
Une équipe de scientifiques américains a annoncé mercredi dernier avoir mis au point une pilule de contraception masculine efficace à 99% chez les souris. Une avancée significative vers un meilleur partage du contrôle de la fécondité au sein du couple. À la différence de la pilule féminine et des tentatives menées depuis les années 1960 pour créer un équivalent masculin, cette pilule a la particularité de ne pas fonctionner à partir des hormones. Ce qui pourrait permettre d’éviter un certain nombre d’effets indésirables observés avec la contraception hormonale. « Ces dernières années, parmi les différentes voies de recherches, il y a eu des traitements anti-testostérone. Mais le problème de ces traitements était les effets secondaires, avec des baisses de la libido, des problèmes d’érection, une fatigabilité« , détaille Michael Grynberg, chef de service de gynécologie-obstétrique à l’Hôpital Antoine-Béclère et rattaché à un laboratoire de recherche de l’Inserm chez nos confrères de France Inter.
Acide rétinoïque
Ici, les chercheurs ont ciblé l’acide rétinoïque, un dérivé de la vitamine A, qui joue un rôle essentiel dans la fabrication de spermatozoïdes. Le laboratoire a ainsi développé un composant qui bloque l’action des RAR-alpha. « Si on bloque l’action du récepteur spécifique de cet acide rétinoïque, on va arriver à empêcher la production de spermatozoïdes tout en évitant les effets indésirables« , explique Michael Grynberg.
Administré oralement aux souris, ce traitement a drastiquement réduit la proportion de spermatozoïdes. Il a été efficace à 99% pour prévenir les grossesses, et ce sans que ne soient observés d’effets secondaires. Six semaines après la fin de l’ingestion du traitement, les souris mâles pouvaient de nouveau procréer.
Ces résultats marquent une étape importante pour la contraception masculine, qui demeure très marginale au sein des couples. « Aujourd’hui, la contraception incombe vraiment aux femmes« , observe Michael Grynberg. Avec des effets indésirables connus : risque de caillot sanguin pour la pilule, contractions intra-utérines et risque infectieux pour le stérilet.
Des essais pourraient être lancés dès cette année aux États-Unis. Optimiste, l’équipe de chercheurs estime possible une commercialisation dans les cinq ans en cas d’efficacité du procédé sur l’homme.
La rédaction