Santé sexuelle : En Guinée, les agressions sexuelles (…) représentent plus de 30% de consultations en médecine légale.
Le premier congrès international de la société guinéenne de médecine légale et de santé sécurité au travail (COML/ST) a été lancé ce jeudi 24 mars à Conakry. Placé sous le thème : « les violences sexuelles et violences basées sur le genre en République de Guinée. »
Dans son allocution de bienvenue, le président du congrès, Pr. Hassane Bah, médecin-légiste, a largement abordé le phénomène d’agressions sexuelles devenu aujourd’hui, un véritable problème de santé publique.
« Les agressions sexuelles sont devenues un problème réel de santé publique et une préoccupation majeure des populations. A l’échelle mondiale, une femme sur trois sera victime de violence physique ou sexuelle au cours de son existence (UNFPA). La dernière étude réalisée par UNFPA en 2019 montre que 80% des femmes sont victimes de violence conjugale en Guinée. Les agressions sexuelles ne sont pas en reste, elles représentent plus de 30% de consultations en médecine légale et 70% de ces victimes ont moins de 12 ans. A cause de leur âge, elles sont exposées à des complications anatomiques, des déchirures, des fistules recto vaginales mais aussi, des complications infectieuses et virales y compris le VIH. »
Poursuivant, Pr Hassane Bah a rappelé l’importance de la médecine légale dans la chaîne pénale’’: « elle apporte des preuves scientifiques permettant au juge de qualifier l’infraction et de punir les auteurs conformément aux dispositions de code pénal. Une récente étude réalisée en Guinée nous a permis de constater que moins de 10% des auteurs d’agressions sexuelles étaient jugés devant les cours et tribunaux et 90% ont été libérés au motif arrachement à l’amiable, classement sans suite, désistement et intervention d’une tierce personne. (…) »
S’exprimant sur les perspectives, il a déclaré qu’ils envisagent avec l’appui des autorités de la transition à travers le ministère de la Santé et le soutien financier du PNUD, la création d’un institut de médecine légale avec un service de victimologie et de laboratoires pouvant leur permettre de réaliser les tests ADN et une imagerie médico-légale. ‘’Nous allons renforcer la formation des médecins légistes en collaboration avec les collègues de la sous-région et procéder à une décentralisation de la médecine légale à l’intérieur du pays », a-t-il annoncé.
Le Coordinateur résident du Système des Nations-Unies, représenté par M Dr Casimir Manengu, représentant d’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en Guinée, a affirmé que 95% des femmes et des filles de 15 à 49 ans ont été victimes de mutilation génitale. Citant une enquête mixte, rappellera que 46% des femmes sont mariées avant leur 18ème anniversaire et 6 femmes meurent par jour en donnant la vie.
L’ancien ministre Pr Amara Cissé et par ailleurs parrain du congrès, quant à lui, a formulé un plaidoyer en faveur de la création d’un institut de médecine légale en Guinée dont les objectifs seront en parfaite adéquation avec les objectifs de ce congrès, violence sexuelle, santé et sécurité au travail.
Billy Nankouman CONDÉ